SIERRA : LE ZENITH, PARIS. LIVE REPORT EN FRANCAIS
On ne s’y attendait pas… Hutch et moi-même nous sommes tous deux plongés dans l’œuvre de SIERRA quelques jours avant son concert de ce soir au Zénith, en ayant conscience que ce n’était pas notre « came », mais toujours prêts à nous laisser tenter par pur professionnalisme. Pour ma part, j’ai toujours ressenti le besoin d’être dans les bonnes conditions pour écouter de la musique électronique et industrielle sans batterie et sans guitare, et récemment, j’ai rarement été séduit. Hutch s’est plaint sans interruption, se demandant pourquoi nous étions enfin sur le point de concrétiser notre idée de webzine axé rock, fruit de longues discussions, au moyen d’un article que même nous ne saurions nous résoudre à ranger dans une catégorie. La synthwave, la darkwave,… ces appellations sont plutôt intrigantes en soi, mais ce n’est pas du rock, si ? Décidément, nous avions du pain sur la planche.
Annelise Morel a commencé à écrire de la musique sous le nom de SIERRA en 2017 seulement. On ne peut s’empêcher de se demander si, à l’époque, elle avait pu prévoir qu’après ce qu’il s’est avéré n’être que trois années de musique live, elle se retrouverait sur la scène du Zénith du nord-est parisien aussi tôt dans sa carrière, voire dans sa carrière tout court. Bien sûr, elle doit cela à Carpenter Brut qui l’a emmenée sur sa tournée, mais ce n’est jamais par hasard si un artiste se retrouve dans cette situation un jour ou l’autre.
Hutch était toujours boudeur quand nous sommes arrivés à la Villette, mais ce qui l’a empêché de s’évaporer pour rejoindre le bar pendant l’heure qui précédait le set de Horskh (qui étaient, évidemment, la raison principale pour laquelle nous étions venus), c’était de voir que la salle était déjà presque comble avant que SIERRA n’arrive sur scène. Il n’était même pas 19h. Même Hutch a compris ce que cela présageait.
C’était une ambiance différente de ce à quoi le Zénith nous avait accoutumés : la foule était clairement un mélange d’inhabitués. Mais d’ici la fin de la soirée en trois actes, nous avons réalisé que la programmation de ce soir, composée donc de SIERRA, Horskh et Carpenter Brut, tous ces talents français, relevait du génie. Hormis ceux qui n’étaient venus que pour la tête d’affiche, l’audience était probablement composée de fans de SIERRA et Carpenter Brut ou de Horskh et Carpenter Brut … et personne n’a été déçu. Horskh et SIERRA, artistes qui naturellement ont des publics complètement différents, s’avèrent, lorsqu’ils partagent une scène, être l’essence même du style de Carpenter Brut. Mais ça, c’est une autre histoire.
Quand SIERRA est arrivée seule la scène du Zénith, je ne mentirais pas si je disais qu’après avoir passé une semaine plongé dans ses sonorités, je ressentais pour elle une légère nervosité. En effet, la scène avait l’air beaucoup plus grande que d’habitude.
Ça fait beaucoup d’espace à occuper.
Mais elle l’a occupée, et pas qu’un peu. Cela ne nous pris que très peu de temps pour nous rendre compte qu’il aurait été si facile de rater quelque chose d’incroyable, tout simplement.
Misant sur un minimalisme qui se suffit pour créer une ambiance de ville dystopique et sombre, comme une scène post-apocalyptique (en utilisant ce qui a priori était un petit ensemble de tubes de lumières néon), elle s’est approprié la scène, ainsi que tout le Zénith. Aucune grossièreté à l’horizon. Rien d’autre que le côté soyeux et affirmé de la lumière, des couleurs et, plus important encore, du son.
L’énergie qui émane de la sono est pareille à celle de SIERRA qui, derrière son installation, prend de temps à autre le micro pour chanter (puis pour nous informer si jamais nous ne l’avions pas remarqué, de l’importance de cette soirée pour elle.) On peut ressentir le plaisir qu’elle prend et son assurance, l’un alimentant l’autre assurément. Le sentiment qui nous parcourt s’apparente à ce que l’on ressent quand on assiste à un retour au pays. Le concert suscite une certaine émotion sous de nombreuses formes. Nous étions submergés par tout un monde et cela n’aura duré, malheureusement, que très peu de temps.
L’élan propulsé dès la première note a continué dans sa lancée et, lorsque nous avons assisté à l’avant-dernier morceau, Unpredictable, puis le morceau Trapped, qui semblait ne jamais finir, nous nous sommes retrouvés comme perdus dans cet univers. Hutch n’a pas eu d’autre choix que d’admettre qu’il était désormais fan à la fin de son set. Après un retournement de situation pareil, nous nous rendrons donc au Point Éphémère en avril, pour voir ce qu’elle nous réserve.